l'histoire du lycée Villa Pia

Lycée Bayonne Villa Pia - Façade biais
Lycée Bayonne Villa Pia - Façade biais

L'histoire du lycée Villa Pia

Pourquoi Saint-Louis Villa Pia ?

Quels élève, ancien élève ou professeur, ne s’est jamais demandé d’où provenait le nom de son lycée ? Michel Legras, professeur de Lettres à Villa Pia, apporte ici la réponse…

Saint Louis

Louis IX, fils de Blanche de Castille, roi de France de 1226 à 1270, mourut de la peste — « puisqu’il faut l’appeler par son nom » — devant Tunis au cours de la huitième croisade. Célébré le 25 août, il est le patron des maçons et des charpentiers (pour avoir fait construire la Sainte-Chapelle) ainsi que des coiffeurs (selon son chroniqueur Joinville, il se présentait toujours « moult bien peigné »)…

Erreur ! « Saint Louis » est ici Louis de Gonzague. Né en 1568, à Mantoue, dans une riche famille de Lombardie — les Gonzague —, le jeune homme était destiné à la carrière militaire, mais seule l’intéressait une existence austère essentiellement consacrée à la religion et à Dieu. Il prononça ses vœux en 1587, alors que la peste — encore elle — ravageait Rome. Partant au secours des victimes, au mépris d’une santé extrêmement fragile, il contracta la maladie et mourut le 21 juin 1591, à l’âge de vingt-trois ans. (1) Canonisé en 1726, Saint-Louis-de-Gonzague est fêté le 21 juin. Le pape Pie XI l’a nommé en 1926 patron de la jeunesse catholique en raison de sa disparition prématurée…

À partir d’octobre 1958, l’Institution Saint-Louis-de-Gonzague, située 42 rue d’Espagne (l’actuel Guichot), transféra ses classes de première et terminale à Villa Pia, y important également son nom.

Villa Pia

Attesté en français depuis 1743, le substantif « villa » vient d’un mot italien (lui-même issu du latin villa) désignant une ferme, une maison de campagne. Depuis l’époque romantique, « villa se dit d’une maison de plaisance avec un jardin et qui suppose un certain luxe. Cette idée de luxe s’atténue à la fin du XIXe et au XXe  siècle. » (2) Rien donc de bien surprenant…

Quant à « Pia », il ne s’agit ici ni du journaliste et écrivain Pascal Pia (1903-1979), ami d’Albert Camus, spécialiste du XIXe siècle et de… l’enfer ; ni de la commune des Pyrénées-Orientales, dans l’arrondissement de Perpignan, un des fiefs du rugby à XIII…
D’aucuns croient identifier l’adjectif latin puis,— a,-um, (famille de pietas) au sens de :

  • « conforme à la piété, juste »
  • « qui reconnaît et remplit ses devoirs envers les dieux, les parents, la patrie. » (3)

Erreur encore ! En réalité, « Villa Pia » rend hommage à Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, né en 1792), le 253e pape qui régna de 1846 à 1878. Des réformes, des mesures d’amnistie lui valurent une réputation de libéral et une immense popularité…

Ce nom date de 1874, lorsque les « Dames de la Réunion au Sacré-Cœur » transformèrent le ci-devant château de Beyris en une institution, et bientôt un pensionnat, pour jeunes filles.

* Voir aussi : HASPERUE Edouard : Si la Villa Pia nous était contée… et les derniers numéros de Villa Pia Infos.
(1) D’après le Dictionnaire insolite des saints (Cerf, 1999, p. 177), « peu d’hommes ont eu plus de volonté que ce petit prince de Mantoue transformé en jésuite. »
(2) Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 1998, p. 4074. Le Grand Robert, 2001, tome 6, p. 1839-1840.
(3) Le Grand Gaffiot, Hachette, rééd. 2000, p. 1200. Cf les adjectifs des langues issues du latin

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Villa Pia – jadis « château de Beyris » – dans l’histoire !

Il était autrefois Beyris, un quartier situé entre deux ruisseaux : l’Aritxague à l’est et le Busquet qui sépare aujourd’hui Bayonne et Anglet. Il s’agissait principalement d’un bois, jusqu’au début du XVIIIe siècle repaire d’arquebusiers et de voleurs qui détroussaient les passants, terreur des voyageurs empruntant la route de l’Espagne. Deux moulins et un abreuvoir alimenté par une source abondante (les bouviers allant de Bayonne à Biarritz s’y arrêtaient pour faire boire leurs attelages) disparurent vers 1900. Depuis le Moyen Age, la partie haute de Beyris – sans doute du verbe latin videre = voir (1) – possédait une tour de guet que jouxtait à la fin du XVIIe une bâtisse, ancêtre de la Villa Pia. L’édifice actuel fut construit entre les années 1770 et 1774 ; il prit le nom de « château de Beyris » et, dans les premières années du XIXe siècle, appartenait à un ancien armateur : Jean-Pierre Laxague…

Au printemps 1808, Napoléon Ier installa ses quartiers à Bayonne. Une de ses promenades favorites le conduisant à Biarritz, il remarqua et apprécia cette belle propriété. A la fin du mois d’avril, il choisit d’y loger pendant quelques jours Manuel de Godoy, le Premier ministre du roi d’Espagne Charles IV – et amant de la reine Marie-Louise : on riait de ce « ménage à trois » -. Après de longues tractations, c’est ce locataire de la Villa Pia qui rédigea l’acte d’abdication du roi d’Espagne en faveur de Joseph Bonaparte, frère aîné de l’Empereur, lors de la célèbre entrevue de Marracq (orthographié « Marrac » à l’époque), « guet-apens de Bayonne » selon les historiens, provoquant les insurrections, à Madrid notamment, dès le « Dos de Mayo ». Charles IV et son fils Ferdinand renonçant à la couronne d’Espagne, l’Empire les dédommagea avec les châteaux de Chambord et de Compiègne ainsi qu’une rente annuelle de 7,5 millions de francs.

Durant la même période (les lycées d’aujourd’hui étaient à l’honneur !), Caroline Murat, sœur cadette de Napoléon, demeurait à la Villa Lauga, sur les bords de la Nive ; à Largenté résidait Jean-Baptiste de Champagny, successeur de Talleyrand le 9 août 1807 comme ministre des Affaires étrangères, organisateur de l’entrevue ; quant à Napoléon, une plaque apposée sur un pan de muraille couvert de lierre témoigne aujourd’hui encore de sa présence : « Château de Marrac Résidence de l’Empereur 18 avril-21juillet 1808. Le Souvenir Français ». Construit au début du XVIIIe siècle, l’édifice fut détruit le 22 juin 1825 par un incendie d’origine discutée.

A la mi-novembre 1813, il n’est pas exclu que la Villa Pia ait également hébergé le maréchal qui donna ensuite son nom à la route nationale longeant le domaine : Nicolas Jean de Dieu Soult (1769-1851), duc de Dalmatie, commandant en chef des armées depuis le 4 juillet, lieutenant de l’Empereur, chargé de ralentir l’avance de Wellington et des troupes alliées. En cette fin d’année, les combats faisaient rage sur l’actuel BAB et dans ses environs immédiats, causant dans les deux camps des milliers de morts (comme en témoignent notamment les cimetières des Anglais à la sortie nord vers Tarnos). Les troupes du maréchal Soult s’opposèrent tant et si bien – particulièrement autour de Beyris – que les Alliés furent contraints de temporiser, alors que la ligne majeure de front se déplaçait déjà en direction d’Orthez. Place stratégique à l’embouchure de l’Adour, Bayonne résistait encore et toujours à l’envahisseur : après quelques opérations de diversion, les Alliés contournèrent l’obstacle et franchirent le fleuve à partir du 26 février 1814, entre Blancpignon et le Boucau, grâce à un pont de bateaux. La citadelle ne tomba que le 14 avril : sous les ordres du général Hope, divisions et brigades anglaises, espagnoles et portugaises (28 000 hommes) avaient maîtrisé les vingt-et-un bataillons (12 000 hommes) du général Thouvenot. Le 15 avril, les deux camps pansaient leurs plaies et s’employaient à enterrer les morts de la veille : près d’un millier (cf. Candide, ch. III).

Située parmi un ensemble de redoutes et de fortifications, la Villa Pia – alias « château de Beyris » – était ainsi intégrée au dispositif de défense de Bayonne, même après l’abdication de Napoléon Ier (6 avril 1814) puisque la levée du blocus anglais autour de la ville n’intervint officiellement que le 5 mai 1814 : ces années-là, les informations circulaient moins vite qu’aujourd’hui…
* voir :

  • DUCERE  Edouard : Dictionnaire historique de Bayonne, 1911.
  • DUFETEL  Madeleine : Beyris, son histoire, ses histoires, 1956.
  • HASPERUE  Edouard : Si la Villa Pia nous était contée… , à paraître.
  • MIGLIORINI  Pierre : Batailles de Napoléon dans le Sud-Ouest, Atlantica, 2002.

(1) Les villages de Beyries (40 700), Beyrie-en-Béarn (64 230) et surtout Beyrie-sur-Joyeuse (64 120) offrent eux aussi des  « points de vue »…  Quelques autres origines proposées : « Bessiris », un dieu gallo-romain des sources (celles-ci abondaient en ces lieux) ; « black berries » = mûres en anglais (les ronces y étaient nombreuses) ; « bovis » = bœuf en latin, et son dérivé « bo(v)arius » (les bovins venaient s’y abreuver)…

Villa Pia au XIXe siècle, après le Premier Empire

Bien que nommée « château » – de Beyris – , la Villa Pia ne fut jamais une forteresse digne du Moyen Age… pas même lors du siège de Bayonne en 1813-1814 !  Selon les dictionnaires, « depuis la Renaissance le château, changeant de fonction et d’architecture, désigne une grande et belle demeure ».

En octobre 1814, au début de la Restauration de Louis XVIII, le château de Beyris devint la propriété de Boniface Darripe, directeur de l’Hôtel de la Monnaie (situé rue Neuve depuis 1661 : Bayonne eut en effet pendant cinq siècles, de 1351 à 1837, le privilège de battre monnaie). Le 29 juillet 1823, le domaine fut acheté par Martin Hiriart qui l’agrandit, le cultiva , le partagea en trois fermes : Beyris, Cabanna et Barrère. Les quatre-vingt-neuf hectares comptaient notamment « maison de maître, écuries, remise, hangars, étables, granges, greniers, bâtisses diverses, métairies, terres labourables, près, bois, jardins, pâtures, landes… ». A la mort de Martin Hiriart, en 1863, sa veuve puis ses deux fils Joseph et Jean-Baptiste héritèrent de la propriété.

Lors de son centenaire en 1874 – l’acte officiel étant signé ultérieurement – le château de Beyris (et une grande partie de ses terres) fut vendu aux « Dames de la Réunion au Sacré-Cœur », lesquelles y fondèrent une institution pour jeunes filles. L’un de leurs premiers soins fut de le rebaptiser : elles l’appelèrent « Villa Pia », en l’honneur du pape Pie IX (1792-1878) qui conduisait l’Eglise depuis vingt-huit ans(1). Quant à cette congrégation, fondée en 1798 par monseigneur Champion de Cicé, archevêque, sa maison mère se trouvait à Bordeaux et elle fut reconnue comme « congrégation enseignante » par Napoléon en 1805 puis par Louis XVIII ; des religieuses de différentes nationalités enseignaient leur langue maternelle ; elles se souciaient des catégories défavorisées : « partout où elles établissent un pensionnat, leurs constitutions veulent qu’elles y annexent une école gratuite pour les enfants pauvres, ce qui sera commode et précieux pour les enfants du quartier Lachepaillet et des maisons d’Anglet qui avoisinent la ville » (Le Courrier de Bayonne n° 3304, mercredi 25 juillet 1874).

Un pensionnat de jeunes filles

Dirigée par sœur Marie Férodet, la Villa Pia était surtout fréquentée par les jeunes filles de la bourgeoisie bayonnaise. L’on pratiquait déjà le ramassage scolaire : chaque matin une diligence parcourait les rues de la ville… et le soir reconduisait les élèves chez elles.  Les effectifs s’accrurent notablement en 1890 avec l’autorisation d’ouvrir un pensionnat. La direction fut confiée à sœur Marie Labastugue, en provenance de Libourne. Des travaux furent entrepris et un étage fut ajouté à la villa : selon le « rapport de l’inspecteur primaire », trois dortoirs hébergeaient alors  quarante-deux pensionnaires et trois surveillants ; les classes pouvaient accueillir près de cent cinquante élèves. Quant à la chapelle, elle recevait les habitants du quartier.

A partir de 1901, circulaires et décrets entravent l’activité des écoles congréganistes – le 7 juillet 1904, Emile Combes (le « petit père » !), président du Conseil, ministre de l’Intérieur et des Cultes, fera adopter une loi interdisant l’enseignement à toutes les congrégations, avant la Séparation des Eglises et de l’Etat (décembre 1905) qui « assure la liberté de conscience » ; environ 2 500 écoles seront contraintes de fermer -. Les « Dames de la Réunion au Sacré-Cœur » se trouvent dans l’incapacité de payer leurs dettes : la Villa Pia est mise aux enchères le 8 octobre 1903.

(1)  Un sonnet fut même composé pour la circonstance :
« Pasce agnos meos »
Villa Pia !  Quel nom !  C’est un nom d’espérance !
Je voudrais que ce nom, comme un soleil levant
Qui sourit au berceau de l’œuvre qui commence,
Brillât en lettres d’or, au portail du couvent !

Il nous rappellerait qu’à travers la distance,
Le pasteur des pasteurs, qui puise au Vatican,
Dans le cœur de Jésus, son amour pour l’enfance,
Bénira le bercail de ce troupeau naissant.

Aussi, combien d’agneaux sous son doux patronage,
Viendront paître et bondir dans ce gras pâturage,
A l’abri des dangers, loin des loups ravissants !

Le nom de Pie le IX !  Quelle ombre tutélaire !
Pie est le bon pasteur, il est le tendre père,
Qui, dans tout l’univers, veille sur ses enfants !

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Villa Pia au XXe siècle, avant la Ve République

Mise aux enchères le 8 octobre 1903, la Villa Pia est vendue le 25 janvier 1904, la congrégation étant représentée par sœur Jeanne Brun, supérieure générale demeurant à Libourne.

Les difficultés statutaires et conséquemment financières conduisent ainsi les « Dames de la Réunion au Sacré-Cœur »  à se séparer de quelques établissements ; sont épargnées les maisons de Dax, La Réole et Libourne ; mais elles ne quitteront Bayonne qu’à la veille de la Seconde Guerre : on les retrouve en effet à l’internat du pensionnat Sévigné, 8 avenue Darracq.

« Le bien connu sous le nom de Villa Pia et autrefois sous celui de Beyris comprend :
1) une maison élevée d’un rez-de-chaussée et de deux étages avec grenier mansardé au-dessus ;
2) dépendances contenant logement, écurie, remise, préau, chapelle ;
3) une construction dépendante servant de logement au jardinier, concierge au nord ;
4) un hangar au sud 5)jardin, parc, bois, de hautes futaies, labours et prairies ; l’ensemble ayant une superficie de 45 140 m2 »(1)

Le nouveau propriétaire ?  Un commerçant de Bayonne : Jean Iribarnegaray, qui céda quelques petits lots ; après son décès, deux ans plus tard, ses trois enfants (Marie-Julie épouse Legrand, Marie-Madeleine épouse Monmayou, Albert) mirent en vente la Villa Pia.

En 1908, après de nouvelles enchères, le bien fut adjugé à Michel Laharrague qui recouvra certaines parcelles et embellit le domaine. A la mort de ce dernier, en 1925, sa fille Paula – qui fut l’élève, comme sa belle-sœur, des Dames du Sacré-Cœur – et son gendre Jean Laxague entreprirent des transformations importantes. Les travaux les plus conséquents furent réalisés entre 1926 et 1928 : démolition de certains bâtiments secondaires, en particulier l’oratoire et à l’ouest l’ancienne tour de guet accolée à la villa et qui permettait d’accéder au deuxième étage ; divers aménagements intérieurs, notamment la « salle des laques », illustration de l’attrait des arts extrême-orientaux ; construction de l’aile ouest, recouverte d’une terrasse, avec les cuisines (l’actuelle salle d’informatique) et la remise pour les fiacres (le CDI) surmontée du logement des cochers. Quant au parc, il fut dessiné par l’architecte (on dirait aujourd’hui paysagiste) Jean-Claude Forestier, qui conçut également… des jardins à Séville (le Parc Maria Luisa) ; intervint aussi le sculpteur et peintre Maxime Real del Sarte… auteur entre autres œuvres d’un Chemin de Croix (Saint-Jean-de-Luz) et d’une Jeanne d’Arc au bûcher (Rouen).

Ce même Jean Laxague fut le créateur en 1928 de l’hôtel Plaza de Biarritz, « joyau architectural de l’art déco » selon les connaisseurs. De son mariage avec Paula Laharrague (les deux «L» enlacés au-dessus du portail témoignent de cet amour) naquirent trois garçons et deux filles : André, Jean-Paul, Henri, Marie-Thérèse et Germaine. Les deux premiers s’installèrent en Argentine ; le troisième, devenu dominicain, exerça son ministère à Arcachon et Toulouse ; quant aux deux dernières, elles restèrent sur la côte basque : Marie-Thérèse épousa Guy Darricau, Germaine épousa Gilbert Audiat(2). Aujourd’hui, enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants(3) ne manquent pas de visiter de temps à autre la Villa Pia, berceau de la famille.

Jean Laxague disparut en juin 1954 ; quatre années plus tard, son épouse fit don de la propriété à l’Association diocésaine et vint s’installer à Biarritz. Une autre page était tournée…

(1) C’était la rubrique : « Si la Villa Pia nous était… comptée » !
(2) N’oublions pas que dans ce même quartier, à proximité du terrain de polo, les Allemands installèrent en 1941 le « Frontstalag 222 » : un camp de prisonniers de guerre français, originaires de « l’empire d’outre-mer ». La première année on y comptait plus de 3 000 prisonniers, originaires surtout d’Afrique noire et du Maghreb, contraints d’effectuer « des travaux nécessaires à l’effort de guerre de l’Allemagne » ; puis près de 4 500 en 1942. Les « coloniaux britanniques » étaient majoritaires en 1943. Le « Frontstalag » devint le « Dulag 222 », c’est-à-dire un camp de transit ou de passage, le 8 mars 1944… avant d’accueillir des soldats allemands capturés, après le 23 août 1944 (cf. « Le Frontstalag 222 du Polo-Beyris » in Revue d’histoire de Bayonne…, n° 154, 1999).
(3) Certains d’entre eux suivent leur scolarité à Villa Pia. Merci à eux – et à leurs parents – pour  les informations complémentaires.

Villa Pia à partir de 1958

En 1958, la famille Laxague fit don de la Villa Pia à l’Association diocésaine. Monseigneur Gouyon créa alors un établissement scolaire baptisé « Centre d’Etudes Saint Louis Villa Pia » en y transférant les classes de première et de terminale de l’Institution Saint Louis de Gonzague (42 rue d’Espagne, l’actuel lycée Le Guichot : l’établissement  bayonnais(1) fut fondé au lendemain du Concordat de 1802 – « ce siècle avait deux ans » – par l’abbé Pascal Dargaignaratz ; d’abord nommé « Pension Saint-Léon », il s’installa dans les bâtiments longtemps occupés par le couvent des Augustins ; quant à sa « filiale » – primaire et collège – de Biarritz, située à l’angle des avenues de La Marne et Lahouze, elle ouvrit en octobre 1910… après que la famille Taburet eut donné au diocèse sa résidence  « La Tourelle »).

Des travaux s’imposèrent dans l’urgence : aménagement du 3e étage (sanitaires et literies) afin de loger les internes, garage à calèches transformé en réfectoire, réorganisations diverses. Deux semaines avant la rentrée scolaire, les inscriptions étaient peu nombreuses… et les travaux loin d’être achevés. On s’interrogeait sur ce nouvel établissement, qui osait s’aventurer dans la mixité, qui introduisait de nouvelles méthodes éducatives («Il ne s’agit pas de surveiller mais de veiller sur…» était une des consignes épiscopales), qui considérait les élèves comme de jeunes adultes. L’abbé Camino accepta finalement d’en prendre la direction.

L’inspecteur d’académie accorda une semaine de « vacances supplémentaires » pour terminer les travaux : quelle aubaine !  Les premiers soirs d’octobre, une comète brillait dans le ciel de Bayonne ; les plus optimistes y virent un heureux présage… La rentrée s’effectua le 8 octobre avec un effectif inespéré de quatre-vingt-dix élèves. Tous les cours étaient assurés à l’intérieur de la villa, au rez-de-chaussée : les premières étaient hébergés dans l’actuelle chapelle, les « terminales sciences ex » au secrétariat, les « maths élém » dans le bureau du CPE et l’infirmerie, les « philo » en salle des laques.

Au printemps 1959, on construisit à côté du fronton une piscine carrelée ; puis le bâtiment des terminales, avec cinq classes et une grande salle d’étude – au détriment d’une partie du potager ! –, fut  inauguré le 1er mars 1961. Entre-temps, dès 1960, le chanoine Mantérola était devenu « supérieur » ; les effectifs augmentaient régulièrement… à tel point qu’en 1965, faute de place, les élèves de première retournèrent rue d’Espagne (ils ne revinrent qu’en octobre 1968, accompagnés des secondes). Il est vrai que Villa Pia était encore considéré comme une annexe de Saint-Louis, avec un  « directeur général », le chanoine Lartigau, remplacé en 1965 par l’abbé Duverger.

1966 marqua un tournant statutaire (et salutaire ?) : signature avec l’Etat d’un « contrat d’association ». La réforme de l’Education, l’année suivante, modifia le nom de l’établissement («Lycée Saint Louis Villa Pia ») ainsi que… l’appellation des classes : philo = terminale A ; maths élém = terminale C ; sciences ex = terminale D. Nouveau tournant en octobre 1968 : élèves et professeurs de la rue d’Espagne intégraient Villa Pia qui acquit ainsi son entière autonomie, avec environ cent cinquante inscriptions en terminale et autant en première.

Après la construction de préfabriqués destinés en particulier aux laboratoires, d’importants travaux furent alors réalisés : en 1968, un édifice de deux niveaux (sur l’emplacement du golf miniature), avec études et classes de seconde au rez-de-chaussée, dortoirs à l’étage ; en 1972, deux salles (à la place de la serre) pour les premières ; en 1975, un grand réfectoire le long de l’avenue Gaudeul ; en 1986, le gymnase («au-dessus du terrain de tennis») ; en 1992, deux bâtiments : l’un (à l’angle est du potager) avec trois laboratoires et trois classes de terminale ; l’autre (qui remplaçait un vieux préfabriqué en bois abritant – terme abusif les jours de fortes intempéries ! – notamment le foyer) avec cinq classes de première, le nouveau foyer et l’aumônerie ; en 2008, le nouveau réfectoire, au nord-est de la propriété… Toujours parmi les arbres : le parc est préservé et il le restera, qu’on se rassure !

A la mort du chanoine Mantérola, en octobre 1969, l’abbé Lacomme lui succéda… lui-même remplacé en 1981 par Jean-Michel Curutchet, premier directeur laïc(2), chacun à sa façon s’efforçant de faire siennes les orientations fixées par Monseigneur Paul Gouyon – évêque de Bayonne puis cardinal en 1969 – devant les « élèves de l’an I » :  « Faites avec nous l’expérience de votre liberté […] Avec son cadre incomparable, Villa Pia doit devenir un centre d’authentique culture où se dépassent les préoccupations d’un examen dont le programme prépare plus de têtes bien pleines que de têtes bien faites. Cette culture attentive aux valeurs du passé se veut ouverte sur l’avenir… »

(1) Le 1er juillet 1951, en clôture du Congrès jubilaire diocésain, Saint-Louis avait accueilli le nonce apostolique Roncalli… qui deviendra en 1958 le pape Jean XXIII.
(2) Xavier Inchauspé en 2008 puis Dominique Duriez en 2016 ont succédé à M. Curutchet.