Ce que je garde de Lourdes, ce sont des souvenirs pêle-mêle, qui se superposent et s’additionnent sans que je puisse toujours les mettre dans un ordre logique. C’est pourquoi je me contenterai de vous raconter les moments les plus forts.
Tout d’abord, je me dois de parler de la personne qui m’a le plus marquée durant ce séjour. Il s’agit d’Emmanuel, ou Manu, une personne handicapée qui mangeait à l’étage que nous servions. C’est quelqu’un qui a vraiment du mal à s’exprimer, alors parfois il écrit dans un petit carnet ce qu’il veut nous dire, mais c’est surtout son regard qui m’a le plus touchée. Ce regard bleu si profond nous transmettait tellement d’amour et de remerciements que c’était au-delà des mots…
Je crois qu’il était vraiment heureux d’être là, tellement heureux que cela se lisait dans ses yeux et son sourire, et c’était incroyable. Cette impression fait partie des choses que l’on ne peut décrire avec des mots car c’est trop intense pour être compris sans l’avoir ressenti. Contrairement à certaines personnes avec qui nous pouvions avoir une conversation, avec Emmanuel c’était différent… mais les émotions ressenties à Lourdes vont au-delà de ça. Un jour, alors que nous étions à l’accueil pour je ne sais quelle raison et qu’Emmanuel s’y trouvait lui aussi, nous sommes allées le voir avec une amie. Quand je me suis penchée pour lui faire la bise, il a posé sa main sur mon visage, et à ce moment-là, j’ai vraiment ressenti un sentiment que je ne peux vous expliquer. C’est sûrement le moment où l’émotion a été la plus forte pour moi.
Ensuite, moi qui ne suis ni chrétienne, ni athée, mais plutôt à mi-chemin entre l’agnosticisme et le déisme, je me dois de vous parler de mon rapport à la religion à Lourdes. Je partais surtout pour l’aventure humaine et pas du tout pour la partie religieuse ; je n’ai d’ailleurs été à aucune messe (un grand merci à Fanny et aux accompagnateurs de m’avoir laissé faire ce choix). Mais j’ai tout de même été marquée par certaines images, dont celle d’un homme qui était agenouillé face au rocher de Massabielle (où auraient eu lieu les apparitions de la Vierge Marie). Nous étions au début du séjour, c’était la première fois que nous venions voir le rocher. Il est resté ainsi de longues minutes, face contre terre, priant simplement et il y avait tant d’espoir et de confiance dans son geste que j’ai trouvé cela très beau.
Enfin, je souhaite vous parler de la (re)découverte de certaines personnes, que l’on croise souvent au lycée mais que l’on ne connaissait absolument pas avant d’aller à Lourdes. Je pense notamment aux garçons qui m’ont beaucoup émue par leur attitude si naturelle avec les malades, à travers leurs larmes ou dans leurs témoignages lors de la seconde veillée, le dernier soir. Ce moment était vraiment fort, ils ont dit des choses très puissantes, et nous sommes nombreux à en avoir eu les larmes aux yeux.
J’aurais encore des dizaines d’autres images à vous partager ; la fête du dernier soir avec les personnes que nous avons servies, les fou-rires mémorables que nous avons eus (que ce soit avec les élèves ou les profs), la gorge serrée par l’émotion au moment du dernier service… je sais de toute façon, que je ne peux raconter l’essentiel de ce pèlerinage. Parce que Lourdes, c’est vraiment une excursion hors du monde, une petite parenthèse dans laquelle le temps n’a pas de prise et dont il faut plusieurs jours pour se remettre. Un immense merci à tous les élèves, à Fanny et aux profs pour cette expérience que je ne suis pas prête à oublier.
Mandine PICHON Tal ES