VILLA PIA 60 ANS déjà

14 Mai 19

« Votre fille a vingt ans…
Elle était si petite… 

Que le temps passe vite… »
Villa Pia : soixante ans…

Eh oui. Tempus fugit : carpe diem !

 Un bref historique ?
1770-1774 : le «Château de Beyris» voit peu à peu le jour.
1808 : Napoléon y héberge Manuel Godoy, chef du gouvernement espagnol.
1874 : la congrégation des «Dames de la Réunion au Sacré-Cœur» acquiert le Château de Beyris qui devient une institution pour jeunes filles, sous le patronage du pape Pie IX : la «Villa Pia».
1890 : l’institution est autorisée à devenir un pensionnat.
1904 : les difficultés s’accentuent avant la séparation des Églises et de l’État : la Villa Pia est vendue à un commerçant bayonnais… et bientôt revendue aux enchères.
1926-1928 : les Laharrague-Laxague réalisent des travaux dans l’ensemble de leur propriété.
1958 : la famille Laxague fait don de la Villa Pia à l’Association diocésaine ; Monseigneur Gouyon transfère, au 99 avenue Maréchal Soult, les classes de 1re et de terminale de l’Institution Saint-Louisde-Gonzague (42 rue d’Espagne), créant ainsi l’établissement scolaire baptisé «Centre d’Études Saint-Louis Villa Pia».

Pour son cinquantenaire, Villa Pia publia un MÉMOIRE 1959-2009. En sont extraites les trois réflexions suivantes : d’un professeur de mathématiques (p. 34), de la direction (p. 51), d’une élève de l’an I (p. 68).

« Notre fondateur nous l’a répété : « On fera à Villa Pia dans l’avenir ce qui ne s’est jamais fait dans le passé, mais l’esprit demeurera : loyauté, confiance, amitié, don de soi. »

Villa Pia est et restera toujours jeune. Qu’elle soit, pour chaque génération d’élèves, un exemple et surtout un stimulant et une invitation à méditer, à progresser dans sa vie humaine et dans sa vie chrétienne, en sachant rester disponible. »

« C’est, en définitive, toute la « communauté éducative » qui a mission d’aider ces garçons et filles à devenir ce que réellement ils sont, des ÊTRES LIBRES. Pas seulement par l’acquisition de diplômes pour leur insertion dans une société, mais encore en les rendant capables d’acquérir cette autonomie qui leur fasse retrouver en eux-mêmes les raisons de choisir et d’agir, en leur permettant de prendre librement en main leur propre existence de jeune et de chrétien.

Une éducation d’ailleurs qui se méfierait de la liberté et qui voudrait revenir à un rigorisme étroit produirait en fait des jeunes inadaptés pour le monde de demain. Car cet univers qui se façonne avec ses innombrables conditionnements, ses contraintes techniques, la puissance de persuasion de ses médias, écrase impitoyablement les irresponsables ou les moutons de Panurge. »

« C’était la première année, celle de toutes les expériences… et aujourd’hui de bien des souvenirs…

En classe, les filles prenaient place dans le fond pour éviter que les garçons passent l’heure à les regarder ; ceux-ci étaient punis s’ils se retournaient…

A l’époque, on passait un baccalauréat complet en première (toutes les matières : écrit, admissibilité, oral), puis un deuxième en terminale. Après ces deux bacs, les littéraires – dont j’étais – suivaient une année de « propédeutique », sorte de classe-prépa, d’apprentissage à la vie universitaire, avec des matières obligatoires (français, philo) et deux options (j’avais choisi latin et histoire) préparant aux études supérieures…

On avait crié au scandale à l’ouverture de cette école mixte, avec un parc… Pour la première fois, nous faisions l’apprentissage des ciné-clubs à discussion entre garçons et filles… Et le soir on courait pour attraper les autobus : vers Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz… »

Villa Pia, ce furent pour moi – de septembre 1969 à juin 1972 – trois années adolescentes exigeantes, également amusantes, à jamais marquantes : le mot du matin, la cantine à 11h20, les rencontres interclasses de rugby, le foyer, les préfabriqués, la salle des laques, le parc, une liberté encadrée, une équipe éducative à la fois stricte et bienveillante, des personnalités telles Simone Crave, Manech Munech, les abbés Leoz, Ouret, Elissetche alias Tipoul, l’initiation à la philosophie… et aussi l’apprentissage d’une philosophie de vie (perçu plus tard, non ?) : discernement, disponibilité, engagement, gestion de l’adversité, identification de l’accessoire et de l’essentiel étaient semés. À chacun, librement et à bon escient, de cultiver, faire fructifier !

Vingt ans après, j’eus la chance de retourner à Villa Pia comme professeur… et d’y passer 1/4 de siècle.

Lorsque je retrouve aujourd’hui mon lycée, des collègues, d’anciens élèves, c’est toujours avec un plaisir immense.

Bon vent à la sexagénaire !

Michel Legras (ancien élève et professeur de français et latin)